RP Officiel [Prologue]

Esprits Créateurs Messages : 590 Date d'inscription : 21/06/2009 Age : 32

Le silence. L’assourdissant silence. Maître incontesté dans ce clair-obscur découpé par la cime des arbres. Le silence. L’éternel silence. A peine bafoué par les rugissements nocturnes des bêtes fauves qui y rodent. Le silence. Cet étonnant silence. Magnifique et immense, emplissant la terre et le ciel, infini vacarme dans cette paix sereine. Le silence… A peine aie-je prononcé ton nom, que déjà, tu n’es plus…

Nous voici, mes amis, en plein cœur de la forêt des Chroniques Enfouies. Cependant, sachez, nobles étrangers, que ceci n’est pas qu’une simple forêt. Ceci est le Refuge… Non, ne souriez pas. Car les pauvres pèlerins qui y ont perdu leur chemin avant vous, eux, ne le faisaient pas. Bien au contraire, les larmes qui ruisselaient sur leurs joues de détresse et de désespoir se déversent à présent dans le lit de cette rivière que vous pouvez apercevoir en contrebas. Quoi ? Encore des sourires ? Bon. Je reprends. Ceci est le Refuge… Pourquoi le Refuge me diriez-vous ? Parce que cette forêt, mes amis, n’est pas qu’une simple forêt… Elle est bien plus que ça… Laissez-moi vous conter son histoire…

Il y a des siècles de cela, les guerres et les épidémies, menées par le Mal en personne sur son grand destrier, ravageaient sans vergogne nos si belles contrées. Les temps étaient encore plus sombres qu’une nuit sans lune et les habitants, décimés par milliers, se voyaient dépouillés de tout ce qu’ils avaient. Ne pouvant supporter une seconde de plus cette vie transformée en enfer, les survivants décidèrent de s’exiler, de fuir les carnages, et, un beau jour, se mirent en route pour le Sud. Le voyage fut loin d’être aisé, alors que le danger les guettait à chaque chemin qu’ils empruntaient, à chaque ville qu’ils traversaient. Ils avançaient droit devant eux, enterrant leurs cadavres quand ils le pouvaient, ils marchaient encore, les hommes, les femmes, les enfants, malgré le froid, malgré la peur, malgré la faim. Ils marchèrent ainsi durant plusieurs mois, dans un désert sans foi ni loi. Et ils marchèrent ainsi, avant de se retrouver, par le plus grand des hasards, à la lisière de cette forêt. Cette dense et vaste forêt, s’étendant à des kilomètres à la ronde. Surpris par cette incroyable masse de verdure, une chose qui ne leur avait jamais été donnée de voir auparavant, ils n’osèrent tout d’abord pas s’y aventurer. Ils établirent un petit campement tout près d’ici, dressèrent des tentes et embrasèrent des feux camps. Hélas, les premières disparitions furent déplorées le soir même de leur arrivée. Les enfants, surtout, étaient touchés, ainsi que les adolescents, et plus rarement quelques adultes qui avaient gardé un peu de leur candeur. On paniqua, on partit à leur recherche, sans les trouver nulle part. On aurait dit que la forêt elle-même choisissait ses proies, et refusaient les autres. Bientôt, pourtant, très rares furent ceux qui restaient au campement. Ces derniers, épuisés et maladifs, arpentèrent des jours durant la myriade de sentiers qui s’enfonçaient dans l’obscurité. Jusqu’au jour où il n’en resta plus qu’un. Karkaii était un grand guerrier, puissant et indomptable, que rien n’avait pu arrêter jusque là. Sa merveilleuse femme, Eilliahn, et leur admirable petite fille, Haibbie, avaient toutes deux été les premières victimes de la forêt maléfique et pour rien au monde il ne les aurait abandonnées. Il continua sans relâche sa quête improbable… Et il en fut récompensé. Alors qu’il gisait aux portes de la mort, près d’un petit ruisseau qu’il ne pouvait atteindre pour se désaltérer, une silhouette frêle et indistincte s’approcha de lui. De ses yeux mi-clos, il n’en eut qu’un vague aperçu, et cette jeune fille à la peau verte et à la longue chevelure fluorescente semblait tout droit sortie d’un rêve. Attristée par sa vue, la nymphe se pencha doucement vers lui, fit couler un mince filet d’eau de ses doigts et le ramena à la vie. D’une voix chantante provenant du fond des âges, elle lui demanda :

« - Noble voyageur… Que fais-tu donc là, tout seul, dans un si triste état ?
- Je… Je cherche ma femme et mon enfant… Elles m’ont été enlevées… Mais qui êtes-vous ?
- Noble voyageur… Veux-tu que je te conduise à elles ?
- Vous pourriez faire ça ?
- C‘est promis. »

Et elle tint sa promesse. Et Karkaii, au bout d’un énième sentier, vit s’ouvrir sous ses yeux ébahis la plus belle et la plus fantastique cité qu’il ait jamais vu. Il retrouva les deux êtres qui lui étaient les plus chers, et découvrit avec stupéfaction une parfaite harmonie entre ses frères humains et les esprits des bois. Une parfaite entente qui leur avait permis à tous de bâtir en très peu de temps ce que l’on mettait des années à réaliser. Une parfaite alliance qui leur avait permis à tous de s’offrir la terre promise dont-ils avaient tant rêvé… En plein cœur de cette forêt, qui était bien plus qu’une simple forêt, et qu’ils baptisèrent… le Refuge.

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Eilliahn et Haibbie avaient enfin retrouvé la seule chose qui leur manquaient encore avant d’atteindre le plus somptueux état de félicité qu’on eut pu espérer : Karkaii les avait rejointes et rien n’aurait pu être plus merveilleux. Considérées comme les deux premières citoyennes humaines de l’extraordinaire ville, la mère et la fille tenaient naturellement une place importante dans cette nouvelle société. Elles avaient été les premières à communiquer avec les esprits de la forêt et de plus, elles avaient été les premières choisies pour venir y loger. Elles avaient été les premières à tisser les toiles qui serviraient de toit aux habitations, et à assembler les premières planches. Elles avaient été les premières à faire leur possible pour que chacun ait à manger et que chacun se sente bien... Et aussi incroyable que ce fut, cette utopie en construction n’avait d’autre origine que l’imagination enfantine de la petite Haibbie, qui en avait tissé les rouages sans même sans rendre compte… C’était grâce à elle que le chantier avait été lancé, que des maisons dans les arbres poussaient pour chaque famille du village et que le malheur qui avait plané au-dessus de leurs têtes il y avait de cela peu de temps, leur paraissait à présent comme un mauvais rêve qui n’avait jamais pu se réaliser. Alors que les rustiques et jolies cabanes d’altitude se bâtissait doucement, les habitants décidèrent d’établir une place centrale, et d’offrir un lieu spécial pour Karkaii, qui revenait de très loin, et les deux femmes de sa vie. Sans qu’ils aient le temps d’en prendre conscience, Karkaii, Eilliahn et Haibbie furent bombardés « Gardiens » du royaume, sans vote, mais à l’unanimité. Désignés « Père et Mère Fondateur » de la plus idéale alliance qui ait jamais été scellée, Karkaii et Eilliahn devinrent de la même façon les dirigeants et les organisateurs du bon fonctionnement de vie de tout ce petit monde. Sans conteste, chacun approuva et reconnut leur autorité, leur donnèrent leur confiance et leur respect, comme leurs enfants, petits-enfants, petits-petits-enfants… le firent pour cette lignée, bien après leur mort.

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Alors que la ville grandissait peu à peu, une assemblée fut élue afin d’organiser la mise en place de lois et de règles de vie, ceci pour faciliter la vie en communauté. Ceux qui eurent le privilège d’en faire partie, furent désignés comme les « Sages » du conseil. Ils avaient, au même titre que les Gardiens, une place particulièrement importante au sein du village. C’étaient eux qui décidaient du bien-fondé de toutes les propositions qui leur étaient faites, et c’étaient eux qui étaient chargés de veiller à l’application de toutes décisions prises lors d’une de leur réunion. Pour que tous puissent s’exprimer, il créèrent un système de sondage, où chaque voie avait un poids identique. Aucune préférence ni aucune distinction n’avait lieu de cette manière, et la parole du peuple était le pilier fondamental de la constitution. Les Gardiens n’intervenaient pas lorsqu’une décision était prise, quoi qu’ils en pensent. Tout ce qu’ils demandaient, c’étaient le respect du protocole établi et la cohésion éternelle du groupe.

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Et au fil du temps, tandis que les hommes se spécialisaient dans une discipline différente, telle que la fonderie, la cueillette, la poterie ou encore la cuisine, les premiers artistes de l’alliance se manifestèrent. Certains se mirent à écrire des odes et des poèmes, des contes et des histoires fantastiques. D’autres se mirent à peindre, grâce aux encres tirées des plantes qu’ils trouvaient, de grandes fresques et de petits portraits sur les feuilles d’arbre qu‘ils décelaient au gré de leurs escapades rêveuses. Ils formèrent ensemble une petite compagnie et essayèrent également d’initier les désireux. Ils exposèrent leurs œuvres dans différents bâtiments qu’on leur avait réservé, pour le plus grand bonheur de tous les habitants avides de s’ouvrir à de nouvelles formes de création. Ils organisèrent aussi des sortes de salon de composition, où chacun pouvait se démarquer par sa beauté de langage, ou son sens artistique. On les baptisèrent alors, les "Esprits Créateurs".

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Enfin, pour ce qui est des habitants à l’origine du village, ou bien de ceux qui arrivèrent peu de temps plus tard, et qui maintenir la tradition du respect de la Nature et de ses hôtes les plus divers, un titre spécial leur fut attribué. En référence à la manière dont le concept avait été élaboré et à la façon dont il fut érigé, par un heureux hasard et alors que tout espoir semblait perdu, on les nomma « Esprits Perdus ». Par ce nom, ils gardèrent en mémoire leur héritage et ne cessèrent de se consacrer à leur ancêtres et à Gaya, divinité première de la Nature.

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