Je suis allongé, presque immobile, au sol. Celui-ci est plutôt dur et, il faut l'avouer, inconfortable. Je n'ai strictement aucune idée d'où je me trouve : je n'ai aucun souvenir récent... je n'arrive pas à me rappeler de quoi que ce soit. Il n'y a personne autour de moi dans cette, pourtant, vaste pièce qui aurait été suffisament grande pour accueillir une bonne quarantaine de personnes. Que fais-je ici ? Comment, pourquoi..? Ai-je fait quelque chose de mal ; suis-je malade ? Comment se fait-il que je me sente, oui, absent de moi-même ? Je ne peux pas me lever, peut-être n'en ai-je pas envie. Ma respiration me parait lente, et cela m'empêche tout effort, aussi faible soit-il. Je pense percevoir une horloge au fond de la salle, mais il m'est impossible d'en lire l'heure, et encore moins de distinguer la grande de la petite aiguille. En dessous de celle-ci se trouve un fauteil, qui apparait assez reposant ; il y a, d'ailleurs, le même siège juste derrière ma tête. J'ai un grand mal de tête, si grand que l'impression qu'elle pourrait exploser tellement la pression semble croître de seconde en seconde m'envahit et me fait frémir. Mes jambes, bien qu'inertes, me paraissent lourdes, tout comme mes autres membres. J'ai peur... de m'enfoncer dans le sol ; que mes os se broient, croulent sous la masse de ma chair. Je suis à la fois léger, et lourd ; bien, et valétudinaire ; réveillé, et comateux. À ma gauche se situe un grand mur, qui rend la chambre, ou est-ce un salon, plus longue que large. Une question m'est alors venue à l'esprit, et je ne cesse pas, depuis, de m'interroger là-dessus : qu'y a-t-il de l'autre côté ? J'essaies, à plusieurs reprises, de tourner ma lourde tête pour découvrir cet autre monde que je ne connais pas encore, et ce qui me fait peur dans un sens, mais en vain. Je suis fatigué, mais il m'est impossible de dormir... d'autant plus que j'ai la poignante impression d'avoir été éteint pendant longtemps, trop longtemps. Je tâtonne quelques petits centimètres carrés à l'aide de ma main gauche – mon autre main ne desirant pas bouger -, presque paralysée ceci dit, avant de me décider, une bonne fois pour toutes, à changer la posture de mon crâne, mais aussi modifier celle de mon douloureux corps. Au mur opposé se trouve deux tableaux, mais je suis incapable d'émettre un avis sur la qualité, ou non, de ceux-ci. Où a bien pu partir mon esprit ? Existe-t-il encore ? Est-il battu par quelque chose d'autre, quelque chose de plus puissant ? Mon coeur, lui, est-il vraiment en état correct de fonctionnement ? Tout ceci, n'est-ce pas, tout simplement, qu'une fiction ? Un rêve, un cauchemar ? Quoi que ce soit, peu m'importe, je veux en sortir, m'en échapper. Cette pièce n'a-t-elle donc pas une issue ? Suis-je condamné à rester ici, dans cet état, jusqu'à la fin de mes jours ? Ses quelques instants passés ici me suffisent déjà amplement, je veux partir de cette vide et morbide prison. Pas une fenêtre, pas un meuble, juste deux fauteuils, deux tableaux, une horloge avec deux aiguilles, et moi, sans esprit. J'ai beau essayer de bouger mes jambes, pour me relever, mais, non, rien. C'est à peine si j'arrive à mouvoir mes orteils. Quelle est donc cette vie, m'a-t-on emmené sur une autre planète ? M'a-t-on... injecté une substance paralysante ? Hallucinogène ? C'est alors qu'une personne, dont le visage n'est pas visible, lisible, vient m'aider à me remettre sur pied. Après moult essais, il parvient à me coller le dos au mur. Cette nouvelle position assise ne me plaît pas vraiment, mais mon équilibre interne semble l'apprécier plus que la précédente. Il se met à genoux devant ma tête, de façon à ce que je le vois. Mes yeux sont... comme perdus, ils fixent les choses sans les regarder. Il tente de me parler. Je vois ses lèvres, ainsi que sa langue, bouger, mais je n'entends aucun son, pas une seule lettre ne se fait entendre. La seule et unique chose qui arrive à parvenir jusqu'à mon profondément endormi cerveau est un bourdonnement aigu sans fin. Je n'arrive pas à lui répondre, à lui dire que je ne sais plus articuler ne serait-ce qu'un seul mot. Il part, découragé. De ma nouvelle position, je peux voir de nouvelles choses intéressantes, dont notamment une seringue, vide. Malgré tous ces effets, symptômes ?, et ces quelques indices dissimulés, il m'est impossible d'imaginer ce que je peux avoir, ce qui peut m'arriver. Aucune explication cohérente, rationnelle, ne sait répondre à ces questions. Mes quelques pauvres années d'études de médecine ont-elles disparues ? Se sont-elles... enfuies, par peur ? Bouche bée, yeux immobiles, lourdes cernes noires ; je commence à baver : j'experimente des difficultés à déglutir. Seul, adossé à ce mur, je me laisse pourir doucement, à petit feu. Une table apparaît non loin devant moi, puis de même pour plusieurs chaises avec coussins. La pièce se dessine, se transforme. Elle devient plus petite, moins effrayante. La table commence à être occupée par de nombreux objets que je ne peux pas identifier. Un canapé, à gauche de celle-ci, se forme, et deux individus s'asseyent et s'y installent, comme par enchantement. D'où viennent-ils ? Je n'en sais rien. Que fais-je ici ? Je ne sais toujours pas. Que font-ils ici, eux ? Je n'en sais rien. Pourquoi suis-je dans cet état ? Je ne sais toujours pas. Je les fixe, toujours immobile. Au bout d'un certains temps, ils finissent par me remarquer, et viennent vers moi. Un des deux hommes, celui de gauche, sort de sa poche un minuscule sachet, rempli d'une poudre brune. De la terre séchée ? Ils discutent quelques secondes entre eux, conversation à laquelle je réussis à comprendre le mot « instable », jusqu'à ce que le même homme me tende son index, sur lequel se trouve un peu de cette mystérieuse poudre. Il l'insère dans ma bouche ouverte, et je lêche son doigt tant bien que mal. Le goût est... non pas indescriptible... mais, déjà vu. Je crois reconnaître du paracétamol. Ils se retournent, et partent ensuite à nouveau sur leur banquette, et font comme s'il ne s'était rien passé. Quelques minutes après, ils ne sont plus là, envolés. Tout comme les meubles que j'ai vu il y a peu, c'est-à-dire la table, les quelques chaises avec coussins, le canapé. Cependant, la pièce, au lieu de reprendre sa forme initiale, en se rallongeant, continue de se rapetissir encore et encore. Vais-je mourir étouffé ? Elle arrête toute transformation, tout mouvement, lorsque j'aperçoit une porte, au fond à gauche. Une occasion de partir s'offre à moi. Est-ce la rage, l'envie de quitter ce lieu, ou bien le retour pur et simple de mon esprit, je n'en sais rien, mais je me retrouve debout, en une fraction de seconde, plein de force. Je me dirige alors vers cette ouverture. Je titube à cause d'un mal de cuisse, et j'ai du sang sur mes mains. Mais je m'en fiche : je regarde la porte avec obstination, et bientôt je touche la poignée de celle-ci. J'ouvre la porte, et atterris aux toilettes. La pièce, étroite, est peinte d'un vert psychadélique. Il y a, sur le mur de gauche, une fenêtre qui doit donner sur la rue. Je suis pris d'un mal de ventre. Je perçois quelques rares bruits provenant de la rue. Ma nausée s'intensifie rapidement. Une bande jeunes passent certainement dans un boulevard près d'ici. Je met ma main sur mon douloureux estomac. Une voiture klaxonne. Je m'accroupis. Un homme prononce le mot « subordonnée ». Je baisse ma tête. Une sirène d'ambulance retentit. J'ouvre les yeux. Une lumière bleue accompagne le son strident, effrayant. Je vomis. Des hommes descendent de l'ambulance. Je vomis à nouveau. Ces mêmes hommes, une fois informés par un autre homme à leur gauche, se préparent. Je n'arrive plus à respirer. Ils montent les escaliers de l'immeuble dans lequel je me situe. Je manque d'oxygène. Ils ouvrent la porte principale de l'appartement. Je suis contraint de fermer les yeux. Ils entrent dans la pièce qui est à leur gauche. Je perds connaissance. Ils me trouvent, allongé, sur un sol plutôt confortable, quoique.
Je m'appelle Adrien, j'ai 21 ans, je suis gaucher. Jamais plus je ne pourrais vivre correctement, comme je le veux, à cause d'une stupide drogue.
Sujet: Suite et fin du RP de candidature 
Mar 7 Juil - 13:43
